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vendredi 11 décembre 2009

Le judaïsme, consécration de la hiérarchie




Au commencement, la hiérarchie (du grec hieros, sacré, et arkhia, commandement) est un terme de religion qui désigne, sous l'appellation de hiérarchie céleste, l'échelle de subordination des anges que le dieu juif a divisés en trois ordres et trois choeurs. Puis, sous la dénomination de hiérarchie ecclésiastique, les différents degrés de commandement et d'obéissance de l'ensemble du clergé judéo-chrétien. Directement inspiré de ce modèle, et, passant du sacré au profane, la hiérarchie sociale, de nouveau sacralisée en la personne des rois, instaure à son tour la chaîne infernale des maillons de subordination, dans laquelle chaque chaînon est déclaré supérieur au chaînon suivant. Telle est, déjà, la structure imposée par Moïse après qu'il fut descendu du sommet du mont Sinaï, avec, sous chaque bras, une des deux tables de pierre gravées par lui et sur lesquelles, au son de plus en plus retentissant d'un cor particulièrement strident, et dans une fantastique mise en scène de flammes immenses et de lourdes fumées noires issues d'une gigantesque fournaise, Yaweh venait de graver de ses doigts de feu, tandis que toute la montagne tremblait, les fameux dix Commandements qui servirent de prélude aux 248 obligations et aux 365 interdictions de la Torah, code du nouvel ordre moral mosaïque. Que Moïse, dont on ne sait toujours pas exactement à quelle époque pharaonique il vécut, ait été tout simplement inventé par son biographe (comme le soupçonne Voltaire qui, à propos de cette incroyable lacune, observe que "Quand on veut tromper, il faut savoir mieux tromper"), n'empêcha malheureusement pas le dieu unique -quoique tout pareillement inventé- de prendre dans le monde moderne la place qu'occupaient les dieux dans le monde ancien. Avec cette différence, toutefois, que les dieux du polythéisme aryen, personnifications des forces de la nature, étaient bien plus proches des hommes que le dieu distant et lointain, despotique et totalitaire d'Israël. Yaweh, Moïse, la Torah, c'est, pour le peuple juif et d'entrée de jeu, la règle de conduite dictée d'en haut. Les Gaulois, qui ne craignaient qu'une chose, c'est que le ciel leur tombât sur la tête, pressentaient-ils que le ciel juif allait nous choir ainsi dessus, écrasant le monde païen pour ne laisser, ça et là, que les ruines des temples et les statues mutilées des divinités mortes ? Que Yaweh et -probablement- Moïse aient été des créations purement imaginaires, comme l'étaient entre autres Apollon, jupiter, Diane, Vénus, Mars ou Minerve, n'enlêve rien à l'efficacité de leur être, lequel se passa aisément du formalisme existentiel pour modifier la face du monde. Dieu, le Pape, le Roi. Autrement dit, Dieu, l'Eglise et l'Etat. Tel est l'ordre hiérarchique que nous subissons, issu de la Bible, même si le chef de l'Etat ne reçoit plus, comme le roi Charles VII, le sacre de Reims, ou, comme Napoléon, celui de Paris des mains du pape. Que ce dieu soit Yaweh ou l'un de ses avatars : le Père éternel, Allah, le Messie, ou le Grand Architecte de l'Univers; que l'église soit la synagogue, la mosquée ou la Loge; que le roi soit empereur, président de la république ou chef de parti, tel est l'ordre auquel nous sommes tous assujettis dans les diverses ramifications de notre société moderne, de l'enfance à la fin de nos vies. Et c'est ici qu'une observation primordiale s'impose. Elle est que, sous peine de partie perdue d'avance ou de partie nulle, il ne sert absolument à rien de se battre avec des armes identiques, une organisation semblable et un ordre de bataille semblable à ceux de l'adversaire. Il est en effet remarquable de devoir constater que, si toutes les tentatives plus ou moins révolutionnaires de renverser l'ordre social établi ont échoué, la raison en était que ces tentatives, aussi bien dans la Révolution française que dans la Révolution russe, apportaient dans l'établissement de l'ordre nouveau les mêmes tares que l'ordre ancien. Parce que l'on n'avait pas su briser la colonne vertébrale de ce chien à trois têtes, de ce nouveau Cerbère, gardien des enfers hiérarchiques, que constituent Dieu, l'Eglise et l'Etat. Remplacer, en France à la fin du XVIIIème siècle, Dieu par la déesse Raison; opposer les prêtres assermentés à la Constitution aux prêtres réfractaires; troquer le roi Louis XVI contre Robespierre ou Bonaparte, n'aura finalement abouti qu'à Louis XVIII. Et remplacer, en Russie au XXème siècle, Dieu par ce nouveau Messie que l'on nomme Prolétariat; l'Eglise par le Parti communiste, et le tsar par Lénine ou Staline, n'aura été en fin de compte, en gare de Leningrad, qu'entreprendre un voyage de Saint-Petersbourg à Saint-Petersbourg... Il y aura toujours des Moïse, comme Karl Marx ou comme Adolf Hitler, respectivement rédacteurs de ces Torah que sont Le Capital et Mein Kampf, pour conduire des peuples vers la "Terre promise", et de nombreux bergers pour rassembler les moutons vers le soleil levant de nouveaux évangiles. Quant aux peuples que l'on a ainsi bernés, disons et répétons-leur qu'il n'y a pas de peuple supérieur aux autres peuples. Pas plus le "peuple de gauche" que celui "de droite". Pas davantage le peuple allemand que le peuple juif. Et pas davantage, non plus, le peuple juif que les autres peuples, même palestinien. Se refuser d'appartenir au troupeau bêlant, ne vouloir être ni mouton ni berger, mais homme libre parmi les hommes libres, c'est déjà le commencement de l'anarchie : la seule arme, la seule forme d' "organisation", le seul ordre et la seule voie possibles face à cette forme de servage, inspiré du despotisme oriental, où chaque maître, chaque petit chef est, comme dans une caserne, l'esclave d'un autre maître, l'esclave d'un autre petit chef. Ni Dieu, ni maître ! Il n'y a pas de Commandement sacré, ni de Dieu, ni d'Eglise, ni d'Etat sacrés.

Serge NINN
(in "L'Anarchie" N° 204, novembre 1993)

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